R O M A N S   E T   N O U V E L L E S

 

L’homme des lointains, Danger de vie, L’Œuf du monde, Les Terres fortunées su songe, Le Déconcerto, Le Grand Astrosophe,

Soixante sujets de romans au goût du jour et de la nuit, L’Impossible est un jeu

L’Homme  des  lointains  (1 9 6 0)

    « Simon marchait sans se hâter, au milieu du trottoir, respirant voluptueusement l'air du soir tiède, comme s'il eût été le plus pur du monde, au lieu d'être cet élément trouble, qui baigne les grandes capitales : mais c'était une façon d'intérioriser la ville, d'en prendre possession, que de s'emplir profondément la poitrine de son atmosphère. Paris, où il revenait s'établir, après douze ans de vie errante, lui semblait, dès le jour de son arrivée, l'endroit promis à la paix de son être. Il lui avait toujours paru indifférent de vivre ici où là, et pourtant, en longeant le boulevard Haussmann, il en contemplait les façades disputées par l'obscurité nocturne et la lumière électrique, avec le sentiment de découvrir la source unique de ses nostalgies. »


                                                                        L’Homme des lointains, p.5

L’Homme des lointains

Flammarion, 1960

Danger  de  vie  (1 9 6 4)

Danger de vie

Denoël, 1964

    « De l’une des portières de mon wagon, je regardais les gens, sur le quai de la gare, procéder à des adieux attendris. Moi, j’étais seul ; personne ne m’accompagnait au lieu de mon départ ; personne ne m’attendait où j’allais arriver ; personne au monde ne se préoccupait d’Horace Verbois, pas même pour le haïr. Je me rendais à Genève, au Congrès International des Rêveurs, espérant y trouver quelque éclaircissement sur ma destinée. »


                                                                                    Danger de vie, p. 9

L’Œuf  du  monde  (1  9  7  5)

L’Œuf du monde

Filipacchi, 1975

Pericolo di vita

Bompiani, 1968

Couverture : Francis Picabia

Traduction italienne : Carina Calvi

Préface : Ornella Volta

    « L’homme ouvrit soudain les yeux, considéra le site agreste qui l’entourait, et reporta son regard sur lui-même pour apprécier comment il était constitué, s’étonnant de son corps d’adulte solidement charpenté, de son costume en fin tissu gris. Il lui semblait s’éveiller, rappelé à la vie objective par une subite illumination de sa conscience, mais il ne sortait pas du sommeil, puisqu’il se trouvait debout, dans l’attitude d’un être en marche. Depuis où, depuis quand voyageait-il ainsi à pied, léthargique, avant d’émerger de sa profonde absence, tel un dormeur précipité hors de son lit ? Il évalua avec calme sa situation : il errait dans une campagne déserte, ne sachant ni d’où il venait, ni où il allait, ni ce qu’il devait accomplir, ni qui il était réellement. Il ne connaissait même pas son nom, et s’il n’avait pas eu, au tréfonds de son esprit, des pensées traduisibles en langage précis, des intuitions concernant son origine, des souvenirs à demi effacés d’un monde perdu, il aurait cru qu’il naissait à cette minute et en ce lieu, bénéficiant d’emblée de l’âge de raison. »


                                                                            L’œuf du monde, p. 5

Les  Terres  fortunées  du  songe  (1 9 8 0)

Les Terres fortunées du songe

Galilée, 1980

Illustrations de Jacques Hérold

    « ... Et ça, dans le cohue des sons, des odeurs, comme chose trrrrrrrrrrès importante ! C’était (là-bas maintenant, ici une autre fois, pourquoi toujours jamais ?) c’était (niveau de bulles) c’était (bulles de mémoire ?) c’était (univers de transe lucidité) c’était (murmure grossissant, horizon embués qui se clarifient) c’était le jour du renouvellement des rites dans la ville d’Iddenlo, capitale de la Gondwanie. L’année commençait, et selon la coutume, la population célébrait avec faste le début du cycle des deux saisons. Après huit mois d’absence, le soleil était glorieusement apparu, annonçant le retour de la saison claire pour un temps de moitié moins long, durant lequel resplendissaient les bienfaits conjugués du printemps et de l’été. L’allégresse avait soulevé la foule qui s’était répandue en chants, en actions de grâce et en congratulations réciproques par les rues dès le matin. A cette joie exubérante et naïve succédait à présent le sentiment des responsabilités incombant au peuple en ce grand jour : il s’agissait d’approuver le choix qui allait être fait du Maître de l’An. »


                                                        Les Terres fortunées du songe, p. 11

Le  Déconcerto  (1 9 8 0)

Le Déconcerto

Galilée, 1980

    « Lormier errait parmi les stands du Palais des Expositions, partagé entre l’indignation et une sourde inquiétude. Il commençait maintenant à se sentir fatigué, car la foule autour de lui était compacte, et il se trouvait sans cesse pris dans des bousculades ou contraint à des arrêts forcés. De nombreux amateurs étaient venus comme lui cet après-midi-là au Rond-Point de la Défense à Paris pour visiter le Salon mondial du Suicide. »


                                                                        Le Déconcerto, Contes, p. 9

Le  Grand  Astrosophe  (1  9  9  4)

Le Grand Astrosophe

Joëlle Losfeld, 1994

Couverture : E. Vedder

    « Un rhinocéros habillé en homme, voilà le personnage avec qui le professeur Cyril Bobelin était attablé dans un restaurant parisien près de la Bourse, et s’il en croyait les regards de leurs voisins, cette comparaison était aussi évidente pour les autres que pour lui. Quand il était entré dans l’établissement, il avait littéralement chargé le maître d’hôtel, qui avait été à deux doigts de s’enfuir, et maintenant il faisait trembler le garçon qu’il commandait par gestes, en s’irritant chaque fois qu’un de ses signes était incompris. Cependant, il adoucissait son air naturellement sinistre en parlant à Bobelin, ébauchant des sourires, s’essayant à de lourdes plaisanteries, si bien que celui-ci se persuadait qu’il avait quelque visée secrète sur lui, et se demandait avec un certain embarras ce qu’il pouvait bien lui vouloir. »


                                                                            Le Grand Astrosophe, p. 7

Soixante  sujets  de  romans  au  goût  du  jour  et  de  la  nuit  (2  0  0  0)

    En l'an 2000, regrettant que la plupart des romans publiés soient essentiellement limités à quelques genres (autobiographique, psychologique, historique,  policier, etc.), Alexandrian publie un livre intitulé Soixante sujets de romans au goût du jour et de la nuit, dans lequel il propose, exemples à l'appui, soixante types de romans différents : roman uchronique ou sentimental, expressionniste ou érotique, existentialiste ou délirant, futuriste ou unanimiste, etc.

    « A l’époque où j’ai décidé de commencer mon premier roman, L’Homme des lointains, tellement de sujets me sont passés par la tête que je fus tenté de rédiger, au lieu de ce roman, le catalogue descriptif de tous les romans qu’il serait avantageux d’écrire aujourd’hui pour être un romancier idéal. Ce catalogue devait comprendre cent-vingt-sept sujets de romans, chacun indiqué avec son titre et les protagonistes. Ils étaient censé illustrer tous les genres possibles de l’art romanesque - traditionnels ou à innover - et ouvrir des perspectives singulières. Trente-cinq ans après, j’ai résolu de reprendre cette liste explicite de sujets de romans en les ramenant à soixante, parce que l’esprit littéraire de la fin du XXè siècle et du début du XXIè est devenu si réactionnaire, conventionnel, mercantile, décadent, que tout livre qui s’en moquera indirectement, d’un façon ou d’un autre, sera un écrit libérateur. »


                Soixante sujets de romans au goût du jour et de la nuit, p. 7

Soixante sujets de romans au goût du jour et de la nuit

Fayard, réédition

L’Impossible  est  un  jeu  (2  0  1  2)

L’Impossible est un jeu

Editinter & Rafael de Surtis, 2012

Couverture de Ljuba

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    « Les habitants de la rue Raymond Queneau à Paris restèrent indifférents en voyant soudainement un matin, à l’entrée d’un immeuble, une plaque portant, en lettres dorées sur fond noir, l’inscription suivante :


Docteur Gildas Frangomate

Spécialiste de la lectothérapie

Ancien interné de l’hôpital

Saint-Glinglin de Landerneau

Ne reçoit que la nuit sur rendez-moi


Toutefois la mention d’interné intrigua et prêta à des discussions, les uns disant qu’il fallait dire interne, un accent ayant été mis par erreur à ce mot, les autres soutenant que l’hôpital Saint-Glinglin était un établissement psychiatrique réputé.

    Plusieurs semaines après l’apposition de cette plaque, aucun client ne s’était encore présenté au cabinet du docteur Frangomate, qui fit la tournée des commerçant du quartier, histoire de se montrer et d’inciter les mal portants à recourir à lui. »


L’Impossible est un jeu, « Les consultations du docteur Frangomate »p. 132

Satiş Garantili Altmiş Roman

Konusu, Doǧan Kitap, 2003

Traduction turque : Alev Er

«Si j’ose écrire» : émission télévisée avec Jean-Pierre Verheggen et Sarane Alexandrian, présentée par Dolorès Oscari, 2001.

Soixante sujets de romans au goût du jour et de la nuit

Fayard, 2000

«Si j’ose écrire» : émission télévisée avec Jean-Pierre Verheggen et Sarane Alexandrian, présentée par Dolorès Oscari, 2001.

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